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L'ampoule et le robinet à Aiguèze...pas si longtemps que cela

Béatrice Chauvin, dans le cadre de la page "Souvenirs et Anecdotes" du Bulletin Municipal, s'est renseignée et a recueilli quelques témoignages pour nous parler de l'apparition de l'électricité et des robinets dans notre village...il n'y a pas si longtemps que ça... Découvrez

Quelques flocons de neige et nous voici bloqués ! Un orage…. et la panne d'électricité nous est fatale ! Ces évènements nous montrent combien nous sommes asservis et dépendants des techniques, combien un grain de sable crée une situation catastrophique.
Qu'en diraient nos grands parents qui ne pouvaient compter que sur eux-mêmes pour faire face au déchaînement des éléments ? Car eux  étaient capables de tenir un siège et ne se laissaient pas démoraliser par une couche de neige ou une rafale de vent.








Quand l’électricité remplace le pétrole :

                            La fée Electricité

Outre le feu qui éclairait souvent les maisons le soir à la veillée, on possédait des lampes alimentées par du pétrole, des caleù  (lampe suspendue  à huile ou à pétrole) et des bougies qu'on achetait au colporteur et qu'on faisait brûler avec parcimonie.





Notre village a vu s’allumer les premières lampes électriques le 20 mars 1930, en fin de matinée

Imaginons le premier soir autour de la table :
-       C’est sûr que ça ne marchera pas… elle ne s’allumera jamais cette ampoule
Alors, on a attendu autour de la table de la cuisine juste sous l’ampoule éteinte
Soudain la lumière est arrivée. On voyait comme en plein jour. Tout le monde a fait « Oh ! ».
Après on a mangé la brioche pour fêter l’arrivée de l’électricité



 
 











Pour l’histoire, l’arrivée de l’éclairage électrique si elle a été mal vécue par les compagnies délivrant l’huile, le pétrole et le gaz d’éclairage l’a été aussi par la population car tout le monde voulait la courant électrique mais personne ne voulait les poteaux et les fils !....

Et  l’eau courante au robinet, me direz-vous ?
Aujourd’hui, rien de plus cool : « Pour avoir de l’eau, c’est facile, il suffit d’ouvrir le robinet. »
 Et pourtant, il n’y a pas si longtemps,…  la majorité des fermes et des maisons possédaient un puits … il suffisait d’accrocher le seau à la chaîne du puits, de tourner la manivelle pour le descendre vide et le remonter plein…. sinon il y avait la pompe à main
Alors quand cette eau « servie à domicile » le fut elle pour tous les aiguèzois et aiguèzoises? il n’y a pas si longtemps… en 1962
Pour la petite histoire : pourquoi dit-on eau courante : En hiver, on ne fermait pas complètement le robinet.
L'eau coulait en permanence et cela lui évitait de geler : d'où le nom usuel d'eau 'courante'

Et d’où venait cet eau qui alimentait la Fontaine St Roch, le lavoir me direz-vous ?
Ce n’est pas sorcier : de la source … quelle source ?... de la source de Combasachier à la Roquette : cette eau acheminée via une canalisation et une citerne alimentait le village…
Pour la petite histoire, un jour… plus d’eau… que se passait-il ? ce n’était pas une histoire de sécheresse, donc , on rechercha la fuite, … rien… on ne trouvait rien… et pour cause… l’eau fuyait dans de l’eau !… quelqu’un avait tout simplement percé la canalisation au niveau de sa traversée de l’Aiguèze….

Et la lessive me direz-vous ?
Aiguèze  surplombant l’Ardèche, les femmes y faisaient leur lessive en cas de pénurie d’eau au village, sinon elle se rendait, avec leur faix de linge au lavoir. Ce lavoir fait partie maintenant de notre patrimoine. Restauré, entretenu, il sert d’attraction touristique. Mais que d’engelures, de maux de reins et de rhumatismes ont attrapés nos « lavandières » à plonger leur linge dans ces eaux froides, par tous les temps.
Le lavoir de l’Ardèche comme le lavoir du village étaient certes un lieu de lessive, de savons qui glissent et qu’il faut rechercher dans l’eau froide, de vent qui gifle le visage, de nez qui coule,  mais aussi un espace public, rempli de ménagères qui tout en frottant, infatigables, bavardaient à bâtons rompus, gloussaient, se chamaillaient presque pour raconter les derniers potins, riaient ( je suis sûre que l’on devait les entendre de rire de la route noire !), mais aussi un lieu de solidarité(ne serait-ce que pour tordre le linge à deux en sens inverse), en un mot un lieu de vie réservée aux femmes, une sorte de double du café du village pour les hommes !
Au fond, on n’était pas très loin du fameux "Ca c'est ben vrai ça !! !" de la Mére Denis ventant les mérites de la Machine à laver dans les années 80 !!


Béatrice CHAUVIN